Nous y revoilà... A mi chemin entre la Biélofrance et la Saintchétchénie, c'est la tannée annuelle du voyage en terre saintétiennouèze qui se présente dans ce calendrier de début de temporada. Un calendrier qui nous aura donc proposé après Bordeaux et Monaco, la troisième bête noire historique des payaderos.
Et au piètre bilan historique, vient se rajouter une actualité peu rassurante. C'est une Payada décimée dans son arière garde qui se présente dans l'antre de nos plus fervents admirateurs. L'hécatombe devrait aussi toucher sa pièce maitresse, le boss bosnien Emir Spahic.
Autre élément peu engageant, les panthères noires des Hautes Cévennes semblent en pleine bourre. Et devraient tout faire pour répondre à l'imposante attente populaire qui cernera cette rencontre. Alors, comme leurs ainés de 1990, les payaderos sauront ils doucher les rêves de l'aficion locale et les ramener dans leur gris quotidien? La météo de samedi sera a priori la même qu'en ce fameux mercredi de demi-finale de coupe...
Mais on ne va pas se raccrocher à de vagues éléments climatiques pour entretenir un espoir côté payadero. Nuestro equipo a sa grinta et sa jeunesse (deux valeurs aussi profitables à l'engagement que dangereuses pour la discipline) à faire valoir. S'y rajouteront quelques arguments offensifs qui, certes, ne se traduisent pas pour l'instant par un feu d'artifice, si ce n'est lors des répétitions générales à Grammont... Comme grande première, Daniel Guichard serait l'enceinte idéale.
Quelle Payada pour samedi? Une faussement joueuse, à l'image de la saison dernière, qui se contenta d'archi dominer l'indigent milieu de terrain local sans donner l'impression de vouloir ouvrir le score? un 451 avec barbelés intégrés, un 442 plus un tantinet plus ambitieux?
Dans l'attente, et pour les récents Pailladdictionnaires qui ne se sont pas aventurés plus loin que la première page de cet espace dévolu à la bonne foi, vous trouverez ci dessous une version à peine remixée de l'article présentant notre futur adversaire. Votre serviteur défie donc tout principe élémentaire de superstition. En effet, cet article ne porta pas bonheur à son auteur, puisqu'il fut puni de ses sarcasmes par une amère défaite, et même par la pire prestation de son équipo de corazon de toute la saison dernière... Comme on dit du côté de la Promenade des anglais, aux niçois qui mal y pensent...
Comme d'habitude, toi le forézien de passage, tu es bien sûr invité à prendre les lignes qui suivent avec les mille degrés qui conviennent à la lecture de ce document... La bonne entame de championnat de nos futurs adversaires donnera à ces moqueries une petite couche de désuétude, nous en conviendrons.
Pour les payados, pueblo vu comme une bande de gitanos par une bonne part de l'aficion de France, un voyage à Daniel Guichard ne manque pas de symboles.
Avec leurs pardessus râpés,
Où nos hivers sont leurs étés...
Nos prochains hôtes n'en manquent pas de symboles. Ils ont des relations plutôt versatiles avec leur symbologie. Attardons nous sur trois éléments de leur patrimoine
A - El gato nero
De l'emblême...
... A la réalité
Aucune équipe de notre païs n'a assimilé à ce point le mimétisme entre son quotidien et son emblême. Les chats noirs, les porte-masque de la hélun, c'est bien eux. Imaginez par exemple, que la sympathique association des Hautes-Cévennes n'aura pas réussi une seule fois, sur les 25 dernières saisons, à participer à quelque finale de coupe que ce soit, fut-ce-t-elle de la ligue. Parfois, quelques soubressauts, ou plutôt quelques hoquets viennent rappeler aux fidèles de Daniel Guichard le lustre des années dorées. Las, à chaque occasion, le lustre leur est retombé sur la tronche. Et un certain petit club languedocien ne fut pas le dernier à le dévisser du plafond, même si au final le chat noir forézien reste une bête noire pour la Payada. En 88, la bande à Garande et Tibeuf brise ses rêves européens sur une temporada de rêve d'un petit promu... la Payada. En 90, la bande à Tibeuf et Witschge brise ses rêves européens sur un sursaut en demi finale... de la Payada. Le dernier sursaut vient d'une campagne européenne auto-sabordée dans la coupe des villes de foire face au Werder. Pour les verts, ce fut la der (oui, ça va, je sais, Jean Blaguin, et patati et Pataca).
C'est donc le plus légitimement du monde que lasse, l'ASSE vient s'asseoir au club des pas gâtés des dits grands championnats européens. Aux côtés des Sankt Pauli, Sunderland, Napoli, Atletico Madrid,... Toutes ces équipes ont en commun d'avoir à degrés divers, ferveur des tribunes et résultats du terrain diamétralement opposés. La ferveur de l'aficion saintétiennoise, peu en odeur de sainté de par notre beau païs, reste malgré tout une réalité incontestable. C'est même le dernier domaine où le Forez occupe les sommets de la hiérarchie nationale.
B - El Casino - Chez Madame Roland
En italien, "Casino", enseigne fondatrice de la sportive association stéphanouèze, ça signifie bordel, maison close. Leur actuel président colle à la transalpine traduction comme un gant Mapa. Pour preuve, cette présidentielle intervention, où après le "keskidididi", voici un nouveau jeu, le "méputinkifékoi". Après un dossier de 320 pages d'audit, un cabinet new-yorkais d'experts en symbologie mongoligérienne est parvenu à ce radical diagnostic: "C'est un vrai bordel à cul ce club. Entre les comissions sportives, les comissions anciens verts/ supporters, les petites et grosses comissions, les comissions au Prisu, l'armée mexicaine, à côté, c'est la compagnie des Castors Juniors..."
C - La lutte ouvrière
C'est à ce stade que l'ASSE et ses partisans vient à diverger de sa symbologie. La capitale forézienne rassemble avec sa jumelle lensoise les valeurs des classes laborieuses nées des affres de la révolution industrielle: sueur, humilité...
"Quand il pleut des roubles, les malheureux n'ont pas de sacs" Coluche
Traduction en forézien: quand un lyonnais trouve une pièce dans la rue, il se rue dessus tel un mort de faim. Quand un stéphanois trouve une pièce dans la rue, il la jète dans le caniveau...
La verte aficion n'est à ce sujet, pas à un paradoxe près. Petit retour dans le passé...
A partir de 1974 et le début des épopées européennes, Roger Rocher considère qu'un club de football est aussi une entreprise de spectacle. L'équipe dirigeante va alors appuyer ses efforts sur la diversification des revenus, notamment sur les recettes extrasportives, indépendantes des résultats de l'équipe trop aléatoires. L'ASSE, étant une association à but non lucratif (loi de 1901), ne peut pas exercer d'activité commerciale. Les dirigeants contournent cet obstacle juridique en créant le 27 juillet 1976 une société à responsabilité limitée (SARL) : ASSE Promotion. Celle-ci exploite commercialement l'image de marque du club. Elle prend en charge la gestion des contrats publicitaires (80% du chiffre d'affaire), des buvettes du stade, le Bistrot des Verts, l'édition d'ASSE Actualité.
Depuis 1974, les Associés supporters ont pris l'initiative de la vente de "produits dérivés" tels les écharpes, bonnets, fanions. En 1977, ASSE Promotion reprend ce commerce devenu florissant et le développe. Le "merchandising" (maillots, livres, gadgets, écharpes...) déferle dans les foyers et les voitures françaises. La Boutique des Verts est inaugurée le 14 septembre 1977.
En avance sur le plan commercial, le club va s'y brûler les ailes. Rocher signe en janvier 1982 des accords commerciaux entre ASSE Promotion et l'International Management Group (dits "accords Mc Cormack"). Ce dernier doit gérer l'exploitation des marchés commerciaux, le développement de la clientèle de l'ASSE et du sponsoring, ASSE Promotion se consacrant seulement à la gestion de la Boutique des Verts. Ces accords sont dénoncés comme en défaveur du club par les opposants au président Rocher au Conseil d'administration et participent à la crise révélée le 1e avril 1982 par Loire-Matin. Rocher démissionne le 17 mai, la nouvelle direction alerte en juillet la justice sur les comptes dissimulés par l'ancienne équipe dirigeante. L'affaire de la "Caisse noire" scelle la fin de l'hégémonie verte.
En matière de foot-business, les historiens du Forez l'avouent eux-mêmes, l'ASSE du temps de son règne hégémonique, était en avance, loin devant la France entière. Face aux visées mercantiles des dirigeants saintétiennois, l'Olympisme lyonnais faisait office de petit atelier clandestin.
Sans cette histoire de "comptes dissimulés", où en serait la verte association aujourd'hui? Au sommet de notre hélun, dans le même costume que leur honni voisin rhodannien qui d'après la photo suivante est à des années lumière en terme de mentalité? Et les plus fervents aficionados ligériens qui se posent en chantres de l'anti foot business, seraient-ils aussi véhéments avec le capitalisme présidentiel, les agences de voyages, et les salons de coiffure estampillés aux couleurs de l'objet de leur passion? Alors, toute légitime que soit cette lutte, anti-foot business par choix, ou par contrainte?
Tifo "Non au Business" du Kop Sud Stade de GG...